Lorsque le besoin de développer des compétences se présente au sein d’une organisation, la solution la plus couramment adoptée est celle d’engager un expert en tant que consultant ou formateur. Cependant, il est possible d’adopter une autre approche pour transmettre des connaissances : l’apprentissage par pairs. "Pairs" comme dans "personnes qui partagent la même fonction", autrement dit vos collègues, pas "paires" comme dans "qui va par deux". Notez que certains ont déjà tenté l'apprentissage par paires de claques, avec des résultats moyennement satisfaisant. Et donc, comment définir le peer learning ? Comment fonctionne-t-il ? Quels en sont les avantages  ?

 

Peer Learning : de quoi parle-t-on ?

Le peer learning est une méthode d'enseignement qui favorise le travail en équipe et dynamise la formation, proche du social learning. Elle implique activement les apprenants dans le processus d’apprentissage. La collaboration est fondamentale dans le peer learning, le but étant de partager les connaissances que l'on a et recevoir celle des autres, dans une démarche d'enseignement mutuel. L’éducation se fait de manière horizontale et les interactions entre les apprenants est à la base de l’apprentissage par pairs.

Le peer learning consiste donc en une séance d’entraide entre pairs. L’apprentissage s’effectue ainsi sur la base de la collaboration et du partage. Les apprenants renforcent leurs connaissances tout en contribuant à l’enrichissement de celles de leurs pairs. D'ailleurs, il est bon de se mettre d'accord avant la séance sur le type de connaissances que vous allez partager, sans quoi, certains risquent d'apprendre des choses qu'ils n'avaient pas envie de savoir. Comme par exemple l'histoire de la philatélie au XVIIIème siècle. Méfiez-vous des passions de vos collègues.

Le tutorat est la première des deux techniques les plus utilisées (la deuxième n'étant pas l'apprentissage par paires de claques, suivez un peu). Avec le tutorat, la formation d’un étudiant novice est prise en charge par un étudiant avancé sur une thématique. Cette méthode est bénéfique pour chacun des participants : le plus avancé accroît ses connaissances en faisant des recherches approfondies sur le sujet, et le novice gagne en compétence. Expliquer à d'autres ce que l'on sait permet de mieux le comprendre et le retenir. 

La seconde, la méthode Jigsaw, favorise, elle, le travail de groupe. Elle facilite l’intégration au sein d’une équipe. Cette fois, une personne est chargée de l’apprentissage d’un groupe sur une thématique donnée. Cela peut être, par exemple, un collègue particulièrement au fait de toutes ces fonctions Excel que peu de gens parviennent à retenir. Peut-être que ça vous parle autant que l'histoire de la philatélie au XVIIIème siècle, mais on vous assure que c'est beaucoup plus utile.

Enfin, les séances de Lunch n’Learn forment une approche relativement simple à mettre en place et assez courante. Périodiquement, les collaborateurs organisent un déjeuner et invitent des collaborateurs d’une équipe spécifique. Une personne fera une présentation et animera une discussion sur le sujet fourni, idéalement en transférant des connaissances ou des informations.

Le peer learning rencontre cependant des freins. Les collaborateurs doivent permuter de temps en temps pour éviter de créer des détours inconscients, comme un sentiment d’infériorité chez les tutorats à l’égard de leurs tutorants ou inversement. Le système d’accompagnement doit également être rigoureux pour permettre de donner un retour correctif en cas d’erreur. Vos pairs peuvent se tromper...

 

Quelles en sont les principes ?

Au cours d’une séance de peer learning, des collègues s’enseignent mutuellement ce qu’ils savent. Cela peut se faire en groupe ou individuellement. Le peer learning est flexible et peut être formel ou informel. Quelle que soit la façon de procéder, les avantages de l’apprentissage en équipe sont indéniables : on progresse plus vite et plus facilement. On le voit par exemple avec les communautés d'apprentissage qui peuvent être un bon complément au peer learning. À condition, bien sûr, de ne pas se tromper de communauté (on ne sait jamais, vous passez la mauvais porte et paf ! L'association des historiens philatélistes.)

L’un des moyens les plus efficaces d’utiliser le peer learning en entreprise est d’encourager l’observation de ses pairs, les interactions avec eux et l'accompagnement dans l’accomplissement de leurs tâches. Cette forme d’apprentissage est très efficace, car elle est relativement informelle, tout en étant peu stressante et très engageante. C'est difficile de décrocher quand quelqu'un vous montre directement ce qu'il fait sans passer pour le roi des malpolis. Même quand ça devient ardu. Tenez, vous saviez que le premier timbre a été écoulé à 72 millions d'exemplaires ?

Il est également important de laisser les collaborateurs diriger leur propre apprentissage et être autonomes. Tout en maintenant une structure en place, le peer learning constitue une excellente occasion de donner aux collaborateurs le contrôle sur ce qu’ils apprennent. Cette méthode permet de tirer le meilleur parti de la formation et aide à rester engagé.

 

Avantages du Peer Learning en entreprise

La valeur ajoutée de l’apprentissage par pairs est considérable. Le formateur peut vérifier immédiatement la compréhension des étudiants à l’aide de leurs retours. L’apprentissage par pairs permet aussi aux apprenants de maintenir leur attention, de renforcer leur esprit d’entraide et de collaboration, d’apprendre par eux-mêmes et de développer une certaine indépendanceLe peer learning consolide les relations d’ordre socio-motivationnel et améliore les capacités de communication.

Qui plus est, l’apprentissage par pairs est rentable. Il permet de limiter les coûts en évitant de devoir engager des experts externes à chaque fois qu’il y a un besoin de nouvelles connaissances dans l’organisation. Apprendre dans le cadre du travail et obtenir des informations de ses collaborateurs pour améliorer ses compétences est donc une tendance qui se confirme : tout le monde aime économiser de l'argent. Pour le budget timbres, par exemple.

De plus, l’apprentissage en interne responsabilise le personnel. Lorsque les salariés partagent ce qu’ils savent, et sont considérés comme des experts, ils se sentent valorisés sur leur lieu de travail et sont d'autant plus enclins à donner le meilleur d'eux-mêmes. Les entreprises peuvent exploiter les objectifs internes du personnel pour s’améliorer constamment.

Enfin, partager permet de tisser des liens avec les autres et ressentir davantage d'empathie envers eux. La confiance et la compréhension de l'autre en sont renforcés, ce qui crée une synergie au sein de l'entreprise. Cet apprentissage permet ainsi d’établir des liens solides sur la base du partage collectif des connaissances.

Du coup, bon, théoriquement, passer du temps avec le collègue passionné d'histoire de la philatélie au XVIIIème siècle à s'en entendre expliquer les subtilités renforce votre empathie. Méfiez-vous avant de tenter, ça peut aussi énerver. Ça ou autre chose, hein, le rôle des chaussures dans l'oeuvre de Marcel Proust, les championnats régionaux de belote depuis 1970... Les sujets, mettons, spécifiques et originaux ne manquent pas. `

 

Le peer learning est un mode d’apprentissage collaboratif centré sur l’apprenant. Ce dernier est plus motivé et cultive une meilleure confiance en ses propres capacités. Cette méthode offre de nombreux avantages, allant d’un apprentissage plus facile à des économies d’argent. Elle est facile à mettre en œuvre dans l’entreprise, quelle que soit sa taille. Que dire de plus... Oui, l'histoire de la philatélie au XVIIIème siècle n'existe pas, le premier timbre ayant été émis le 8 mai 1840 (en revanche, 72 millions d'exemplaires ont bien été écoulés, à l'effigie de la Reine Victoria). Ah mais ces amateurs de timbres sont terribles, vous relâchez votre attention cinq minutes et ils en profitent pour vous apprendre des choses ! 

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