Une personne kinesthésique est une personne sensible qui apprend avec son corps. Pour être précis, elle mémorise en bougeant son corps ou en faisant des mouvements, que ce soit à la maison, en classe ou dans le monde professionnel. Ce qui n'est pas, au premier abord, nécessairement compatible avec les modalités d'une formation professionnelle. "Certains enseignants étaient plus compréhensifs que d'autres", raconte Monsieur R.,  témoin anonyme. "Je me souviens d'un prof qui n'autorisait rien d'autre qu'écrire le cours, tête baissée. Une fois, j'ai chassé une mouche de mon bureau, il m'a lancé une craie dans l'oeil. Légitime défense, il a dit. Il était un peu spécial." Compte tenu de ces caractéristiques, comment une personne kinesthésique peut-elle optimiser son parcours d’apprentissage ? Le point.

 

La mémoire kinesthésique : c’est quoi ?

Une personne kinesthésique est une personne qui a besoin de se dépenser pour apprendre. Dans son processus d’apprentissage, elle a besoin d’un cas concret pour assimiler les explications, et retient peu de choses d'un long discours ou de documents théoriques. Lorsqu’une personne a une mémoire kinesthésique, les gestes doivent primer dans son apprentissage pour stimuler sa concentration. Son corps retient les informations, car en quelque sorte, un kinesthésique se souvient de ce qu’il fait. 

Pour travailler sa mémoire, le kinesthésique doit effectuer des mouvements. Par exemple, pour retenir un graphique, il a besoin de le reproduire physiquement ou mentalement. Il doit l’expliquer à une autre personne ou le lui montrer afin d’assurer la rétention des informations. Les actions sont indispensables pour maîtriser le cours. Une simulation ou une pratique sont vivement nécessaires pour parfaire le parcours d’apprentissage du kinesthésique. Si, dans un cours ou une formation, elle n’effectue aucune action, elle ne retiendra pas grand-chose.

"Je me souviens très bien du jeté de craie parce que je l'ai reproduit ensuite sur une copine de classe. Ça m'a coûté deux euros et un Mars pour qu'elle ne me dénonce pas à la CPE. Décidément pas une bonne journée", poursuit Monsieur R.

La mémoire kinesthésique : Comprendre son rôle dans l'apprentissage

Nous allons donc maintenant nous poser la question de la place de ce type de mémorisation dans notre vie quotidienne et comment elle affecte l’apprentissage dans notre cas présent. 

Comment fonctionne la mémoire de l'homme ?

Il est important de revenir à l’essentiel, connaître le fonctionnement de la mémoire humaine en général. Notre mémorisation est avant tout un processus continu de rétention, essentiel pour notre compréhension du présent et nos actions. 

Elle fonctionne selon la théorie du " processus dual " ou “ dual process “ de part chez nos amis anglo-saxons.  Les pensées automatiques et inconscientes font donc partie du premier système et les pensées analytiques et intentionnelles font partie du second.

La théorie du double processus

Cette théorie du processus dual nous permet donc d’expliquer comment les compétences deviennent intuitives avec la pratique. Elle distingue le premier système (les pensées automatiques) et le second système (les pensées analytiques). Le premier est donc l’inconscient, tandis que le deuxième est l’intentionnel et l’analytique, les deux sont bien entendu inter-dépendants dans les 2 sens ! 

L'importance de la mémoire dans notre vie

Si nous revenons maintenant à la mémoire, elle joue comme vous pouvez l’imaginer, un rôle crucial dans notre vie quotidienne. Elle structure, hiérarchise et améliore notre vie sans parler des relations sociales.  Pour comprendre ce processus, nous devons donc examiner ses trois aspects fondamentaux : l'encodage, le stockage et la récupération.

Encodage : L'encodage se décline sous différentes formes, dont l'encodage visuel, l'encodage sonore, l'encodage sémantique et l'encodage tactile, lié aux sensations et aux actions.

Stockage : Le stockage se divise en deux grandes catégories : la mémoire à court terme (MCT) et la mémoire à long terme (MLT). La MCT stocke temporairement les informations avec une capacité limitée à une dizaine d’éléments tout au plus avec une durée de rétention de 15-30 secondes, et oui c’est court. La mémoire à long terme quant à elle a une grande capacité de stockage, presque illimitée avoisinant les 1000 Téraoctets…

Récupération : ce qui est stocké peut donc être récupéré de différentes manières. La mémoire à court terme est la première étape dans l'ordre d'encodage, tandis que la MLT est récupérée par association et récurrence.

En comprenant ces processus, les enseignants peuvent optimiser l'apprentissage des élèves. Ils doivent savoir quand introduire de nouvelles connaissances et comment les séquencer pour renforcer la rétention et favoriser la pensée critique. Il n’y a donc pas de secret, la répétition et la volumétrie idéale d’informations est la clé ! 

 

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Les 3 types de mémoire et types d'apprentissage

Si nous revenons maintenant sur les types de mémorisation, nous devons préciser les trois grandes familles. Chaque être humain est différent et bénéficie de prédispositions de mémorisation différentes.

La mémoire auditive

La mémoire auditive concerne l'écoute et la compréhension de l'information orale. Elle implique l'attention, l'écoute, le traitement, le stockage, et le rappel ce qui a été entendu. 

Les lacunes dans la mémoire auditive affectent la compréhension des mots et des informations orales, et par extension, l'attention... Elle est essentielle dans les premières phases de l'apprentissage.

La mémoire visuelle

Cette mémoire permet d’intégrer les éléments visuels présents dans notre environnement. Elle est donc essentielle dans notre vie quotidienne, englobant la perception visuelle, l'interprétation mentale, et le stockage à court ou long terme d'éléments tels que les couleurs, motifs, mots, chiffres, formes, etc… 

La mémoire visuelle de travail est à court terme, tandis que la mémoire visuelle à long terme nous permet de nous rappeler des souvenirs ou des compétences par exemple.

La mémoire kinesthésique

Parlons maintenant du sujet de cet article. Cette forme de mémoire est cruciale pour les interactions physiques. Elle concerne les actions automatiques, comme jouer du piano ou faire du vélo, et prend également en compte la mémorisation d'objets dans l'espace, ce qui aide à retrouver des objets en se basant sur leur emplacement précédent.

Certains individus sont doués de ce type de mémorisation. Cette spécificité ne représente selon certaines études que 5% de la population. Ces personnes sont souvent actives physiquement(sport, mouvement, etc…)

L'application de la mémoire kinesthésique dans la vie quotidienne

Maintenant que nous avons saisi l'importance de cette mémoire, explorons comment elle s'applique dans notre vie quotidienne. Cette forme de mémoire joue un rôle clé dans de nombreuses activités, des plus simples aux plus complexes.

Apprentissage de compétences physiques : sans surprise, cette mémoire joue un rôle majeur dans cette forme d’apprentissage. Avez-vous déjà appris à jouer d'un instrument de musique ou à pratiquer un sport ? Vous savez donc de quoi nous parlons ! Elle vous permet de mémoriser les mouvements précis nécessaires pour jouer cette mélodie de piano que vous aimez tant ou ce tir parfait. La pratique permet donc de l’intégrer dans le premier système du processus dual.

Actions automatiques : pensez maintenant aux actions que vous effectuez automatiquement sans y réfléchir, comme conduire une moto par exemple. Cette mémoire intervient également ici. Elle vous permet de coordonner vos mouvements en fonction de la situation, vous aidant à maintenir l'équilibre.

Mémorisation spatiale : retrouver votre voiture sur un parking est l’exemple parfait pour illustrer cette mémoire. C'est cette capacité à mémoriser des objets dans l'espace qui vous permet de retrouver des objets en vous basant sur leur emplacement précédent.

Développement de la coordination : notre coordination est également la résultante de nombreux paramètres dont cette mémoire. Nous mémorisons ces mouvements pour réaliser ces actions de manière automatique.

 

Comment reconnaître le profil d’apprentissage kinesthésique ?

Chaque individu a sa manière d’apprendre. Il peut être visuel (des images lui viennent en tête durant l’apprentissage), auditif (il entend des sons ou même sa propre voix) ou kinesthésique (il ressent le mouvement, le toucher, l’odeur ou le goût). Pour reconnaître un profil d’apprentissage, il suffit de lui poser une question banale sur ce qui se passe dans sa tête à l’écoute d’un mot précis. Par exemple, pour le mot chocolat, un visuel verra directement une tablette de chocolat dans sa tête, un auditif entendre le mot chocolat résonner dans sa tête ou encore le bruit de son emballage lorsqu’il est déchiré. Quant au kinesthésique, l’odeur du chocolat peut lui venir en tête. L’exercice doit être répété avec d’autres pour déterminer le profil d’apprentissage du concerné.

"Effectivement, l'odeur du chocolat me vient en tête", confirme Monsieur R. "Le goût aussi. Ça me donne envie d'en manger, d'ailleurs. Vous avez un distributeur automatique ?"

 

Comment stimuler la mémoire kinesthésique ?

Un adulte ou un enfant kinesthésique a besoin de se dépenser pendant l’apprentissage, mais également après une journée de travail. Il ne peut pas mémoriser un cours en restant assis ou immobile sur une chaise. Sa concentration n’est stimulée qu’à travers les gestes. Par exemple, pour un enfant, il peut apprendre debout sur un tableau au mur, sans pour autant être isolé. Le kinesthésique a besoin d’un endroit sécurisé pour travailler. Le confort et l’aisance de l’environnement sont à prendre en compte. La pratique et la répétition lui sont très favorables. On peut ainsi constater que Monsieur R. tient beaucoup à son confort : il a absolument tenu à aller s'acheter du chocolat. Dehors, faute de distributeur automatique. Il a fait deux chocolateries, on l'a attendu 1h30. 

 

Quel système d’apprentissage adopter pour un kinesthésique ?

Pour apprendre, que ce soit dans le monde pédagogique ou professionnel, le kinesthésique peut adopter certains gestes afin de mémoriser du contenu :

- Prendre des notes : Le kinesthésique se souvient de ce qu’il lit ou de ce qu’il entend, s’il les aligne sur un papier. Pour une meilleure assimilation des cours, il est préconisé d’utiliser autant de sources possibles. Outre les notes de cours, la manipulation des manuels et l’utilisation d’Internet sont à privilégier.

- Faire un résumé : Le kinesthésique écrit beaucoup pour apprendre, un résumé ne fait qu’optimiser la rétention d’information. De préférence, il faut faire un résumé interactif pour mémoriser les contenus. Les informations importantes (une formule, une démonstration, une chronologie) peuvent être inscrites sur un papier, découpées en morceaux puis mélangées. L’idée est de manipuler chaque papier pour recréer l’ordre logique et stimuler la compréhension.

- Créer un jeu : Pour parfaire l’apprentissage, l’élaboration d’un jeu de questions/réponses est recommandée. Le kinesthésique doit créer une liste de questions se référant à sa formation, puis il doit les piocher au hasard pour y répondre. Au fur et à mesure, la liste des questions peut augmenter. Cette technique permet de concrétiser ses connaissances.

- Jouer la créativité : Pour continuer à apprendre en mouvement, le kinesthésique peut surligner ou mettre en exergue les lignes importantes de ce qu’il apprend. Il peut également se mettre à faire un dessin ou un modèle de ses cours. La pratique est profitable à la mémoire kinesthésique. En ce sens, le kinesthésique a besoin de bouger, d’être actif, de manipuler et de ressentir pour assimiler les choses.

"On se moquait de moi pour mes résumés de cours surlignés avec plusieurs couleurs, mais voilà la preuve que c'était utile", approuve Monsieur R. Ensuite, il a ajouté autre chose mais il avait la bouche pleine de chocolat, on n'a rien compris.

 

Comment le formateur doit guider son apprenti kinesthésique ?

Pour optimiser le processus d’apprentissage, l’apprenti kinesthésique ne doit pas être le seul à faire des efforts. Le formateur doit posséder les compétences nécessaires pour assurer sa progression pédagogique. Pour capter son attention, l’utilisation d’exemples liés à un environnement qui l’intéresse est requise. Ce type de métaphore est plus facile à assimiler, surtout si la formation est bel et bien vivante dans son ensemble. Le formateur doit être mis au courant du profil d’apprentissage kinesthésique pour établir une méthode de travail adéquate.

Cette mémoire n'est donc pas seulement un concept théorique, elle est présente dans notre vie quotidienne, influençant notre capacité à effectuer des actions physiques et à mémoriser des informations liées à l'espace et au mouvement. Que ce soit pour apprendre de nouvelles compétences, pour accomplir des tâches automatiques ou simplement pour naviguer dans notre environnement. 

Prendre conscience de son existence peut nous aider à améliorer notre processus d’assimilation et notre performance. Alors, la prochaine fois que vous vous demandez comment vous avez appris à faire du vélo, ne cherchez pas plus loin, la mémoire kinesthésique était là avec vous ! 

 

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