Hier soir, j’ai regardé le film “Je suis une légende”.

C’est ce film avec Will Smith où le monde est touché par un virus incurable qui zombifie la population.


Will Smith se barricade dans sa maison avec son chien pour éviter de se faire contaminer.


Franchement, si vous ne l’avez pas vu, foncez. Il est vraiment incroyable.

Ce film m’a surtout fait penser à un concept RH plutôt méconnu en France : la zombification des employés.

Alors, rien à voir avec des bras qui tombent ou des haleines putrides : on parle plutôt de salariés “morts-vivants”. Vous avez l’impression qu’ils sont là, qu’ils sont en bonne santé et que tout va bien, mais non.

Prêt à faire un tour à Zombieland ? Suivez-moi !

 

Des morts-vivants dans vos locaux ?

 

Après de nombreuses recherches, je me suis rendue compte qu’il existait plusieurs termes pour désigner ces employés : “working dead” (celui-là me fait plutôt rire) ou “employés zombies”. 

Appelez comme vous voulez, mais ils sont bien là, et depuis un bout de temps en plus. 

L’appellation “employés zombies” est assez vieille : elle est apparue après notre chère révolution industrielle, aux alentours du 19ᵉ siècle. Avant ça, la plupart des travailleurs étaient des entrepreneurs : bouchers, agriculteurs, boulangers, etc. 

Puis les usines sont apparues et Monsieur Ford avec. Le but était de produire beaucoup, à la chaîne, en peu de temps. Les travailleurs devaient donc connaître des processus par cœur, et répéter, encore et encore. 

On les formait d’ailleurs en ce sens : apprendre par cœur à l’école et tout recracher au moment de l’examen. Puis généralement oublier dans la foulée. Les employeurs n’avaient pas besoin de plus. 

 

La zombification était lancée. 

 

Mais quel rapport avec aujourd’hui et avec nos entreprises ? La plupart d’entre nous ne travaillent plus à la chaîne, mais sur un ordinateur !

Oui, mais malheureusement, peu de choses ont vraiment changé.

 

Comment reconnaître un salarié zombifié ? 

 

Le salarié zombifié peut facilement être détecté. Voici quelques points qui devraient vous alerter :

  • Il n’essaie plus de s’intégrer socialement

  • Il travaille par nécessité, il fait ce qu’il fait parce qu’il doit le faire, pas parce que ça lui plait

  • Il ne propose plus rien d’innovant ou de créatif, il ne sort pas des sentiers battus

  • Il arrive souvent à 9:00 pétante et part à 17:00 pétante (ce point est à prendre avec des pincettes : certains salariés ont ce comportement, mais sont tout à fait performants)

  • Il ne donne pas son avis, car il a l’impression qu’on ne l’attend pas.

En somme, un salarié zombifié, c’est un salarié qui a un peu perdu son âme. Il ne travaille plus pour lui, mais pour l’entreprise.

Alors, il se lève comme un robot le lundi matin, enchaîne sa semaine sans trop se poser de questions, et se couche le vendredi en étant heureux que le week-end soit enfin arrivé. Un peu triste, non ?

Et le pire, c’est que ce syndrome est contagieux. Un working dead peut parfois démotiver les collaborateurs qui l’entourent. Par son manque de motivation et d’entrain, il va créer une ambiance de travail morne et démotivante.

Alors autant désamorcer ça au plus vite !

 

Welcome to Zombie University

 

Mais avant de vous donner la solution à ce problème, je voulais vous rassurer sur un point : ces salariés zombies ne sont pas forcément là à cause de vous. La zombification commence parfois dès l’université.

Je m’explique.

Dans son livre “The Future of Work”, Jacob Morgan, le cofondateur de Chess Media Group, affirme que la zombification débute lorsque l’étudiant finance ses études. Il s’endette sur plusieurs décennies, et n’a d’autre choix que de choisir un emploi qui lui permettra de rembourser ses dettes en totalité.

Le sens de son travail passe alors au second plan. La motivation financière, elle, devient une priorité. L’étudiant est alors prêt à accepter n’importe quel travail, et est beaucoup moins regardant sur les missions qu’il effectuera ou sur les valeurs de l’entreprise.

Et alors, avant même de rejoindre son premier CDI, il est déjà zombifié.

Je vous avais dit que ce n’était pas forcément votre faute !

 

Le présentéisme, ce fléau

 

La seconde cause indéniable de cette zombification de masse, ce sont ces fameux horaires figés. Je vous ai fait un petit florilège des phrases qu’on aimerait tous bannir, jeter, et enterrer dans un trou en 2022 : 

  1. “Bon après-midi Michel !” lancé à 17h45 à travers l’open-space par un collègue un peu lourd, ça vous dit quelque chose ?
  2. “Non, tu dois rester jusqu'à 18h, tu es cadre, il faut montrer l’exemple.” prononcé par un manager un peu oldschool 
  3. “Oui tu arrives tôt Catherine, mais ça je ne le vois pas. Par contre, quand tu pars à 16h, je le vois !” lâché maladroitement par une supérieure qui ne comprend pas grand-chose au management. 

Plus sérieusement, la tradition ancestrale des horaires figés date aussi de l’époque Ford (on commence à le détester celui-là). À l’époque, il fallait savoir combien de temps avaient travaillé les ouvriers sur telle ou telle tâche pour calculer précisément leur productivité. Alors ils badgeaient et étaient payés plus s’ils faisaient des horaires plus longs, car ça signifiait qu’ils avaient produit plus. 

 

Mais aujourd’hui, est-ce que c’est toujours le cas ? Sur des postes plus stratégiques et créatifs, rester plus longtemps au bureau ne signifie pas forcément réfléchir à plus de stratégies ou avoir plus d’idées créatives. 

Donc, ça démotive. 

Et démotivation = zombification (oui, vous commencez à capter le truc !)

 

Le remède anti-zombie

 

(Très) bonne nouvelle : la zombification n’est pas une fatalité. Vous pouvez d’ores et déjà mettre en place certaines mesures pour l’éviter, ou l’arrêter.

On vient de voir ensemble ce qui peut produire cet état de “zombie” : horaires fixes, peu d’autonomie, tâches rébarbatives…

J’ajouterais même :  pas de perspective d’évolution et manque de confiance des supérieures et de l’entreprise vis-à-vis du salarié. Ça fait beaucoup ! 

Mais normalement, des solutions devraient déjà vous venir en tête après l’énonciation de ces éléments. Je vais vous aider un peu et vous faire une liste non exhaustive : 

  • Formez-les : un salarié formé est un salarié qui a des perspectives d’évolution dans l’entreprise. Il ne se sent pas laissé à l’abandon, et c’est super stimulant.

  • Rendez-les autonomes : faites-leur confiance et confiez-leur des tâches avec un objectif clair. Laissez votre employé autonome de A à Z, jusqu’au rendu. Ça prouvera à l’employé que vous lui faites confiance sur la mise en place opérationnelle et que vous ne contrôlez que le résultat.

  • Soyez flexible : si vos employés peuvent travailler quand ils veulent et où ils veulent, ils sauront créer leur environnement de travail et leur planning selon leur besoin. Si laisser une flexibilité horaire totale est dérangeant pour votre activité, mettez des “fourchettes” d’horaires : entre 6h et 11h le matin, et entre 15h et 22h le soir par exemple.

  • Intégrez un peu de créativité : alors oui, tout le monde n’est pas créatif de nature. Mais je suis persuadée que la créativité, ça s’apprend et ça s’encourage. Laissez vos collaborateurs s’exprimer et donnez-leur l’opportunité de créer des choses.

  • Donnez du sens : expliquez en quoi les missions de vos équipes sont importantes pour l’entreprise. Vous pouvez même aller plus loin : montrer l’impact de leurs actions sur le secteur de l’entreprise ou sur le monde extérieur. Faire quelque chose qui a du sens, c’est l’antidote 100% anti-zombie !

 

*bruit de radio* Agent 2034, mission réussie. La planète Terre… euh… votre entreprise ne compte plus de zombies parmi ses rangs. Félicitations !